Les chroniques de DannY De LaeT
Les maîtres du feuilleton
Xavier Snoeck (1920-1990)
Si dans le domaine du feuilleton Charles Souvelier devient un des piliers de Mickey Magazine, il ne sera ni le premier, ni le seul, ni le dernier à oeuvrer pour une gloire éphémère.

Car Dieu sait s'il y eut de bonnes, de moins bonnes et de mauvaises, voire très mauvaises, choses à lire dans ces quelques pages. De toutes façons, les feuilletons, contes et nouvelles faisaient partie de ce que l'on appelait "le rédactionnel", cette partie bien qu'illustrée qui se caractérisait par une abondance de textes, pages souvent tournées à la hâte mais qui n'étaient pas toujours à éviter.

Peut-on imaginer un illustré pour la jeunesse sans feuilleton ? Les premiers illustrés du genre en Belgique sont nés en Flandre au début du siècle précédent. Aussi bien "De Kindervriend" (1912-1940) que "De Geîllustreerde Kinderwereld" (1915-1926) firent grande consommation du genre ; les feuilletons seront omniprésents au grand dam des feuilletons illustrés, c.à.d. BD avec sous-textes. On y retrouve d'ailleurs nombre d'auteurs qui ne sont pas spécialement connus ni appréciés pour leur approche de la jeunesse. Pour Jules Verne d'accord (encore que...) mais Maurice Leblanc, Conan Doyle et Gaston Leroux ne sont a priori pas spécialement des auteurs pour les jeunes (Tintin connaîtra ce problème en publiant dès sa naissance H.G. Wells et Jean d'Esme, jugés trop mature pour les jeunes lecteurs).

Almanach 1947

Idem pour le premier grand illustré francophone, "Spirou", qui publie dès 1938 des romans pseudo-humoristico-historiques (hm...) de Jules Sottiaux mais encore des romans d'action de John Creasy, de l'allemand Karl May, de Jean Doisy, qui seront suivis par les immanquables Gustave Aimard et Albert Bonneau.

Après guerre on trouve dans Spirou quelques feuilletons intéressants dont "Le cheval sans tête" (1954-56) du prolifique P. Berna (ps. de Jean Sabran,1910-1994), illlustré par Morris, mais aussi des merdes comme "La case de l'Oncle Tom" de Beecher-Stowe. Le meilleurs sera livré par Xavier Snoeck, auteur de la série "L'Aile Rouge"

Annonce dans le numéro 497

Le cycle de l'Aile rouge, démarré par Henri Dantinne mais rapidement repris avec zèle par Xavier Snoeck, sous le pseudo de Yves Legros, ne compte pas moins de neuf feuilletons, parus du 16/11/1944 jusqu'en 1966 et aura ses adeptes !

Dernier épisode dans Spirou 1496

Dans Spirou Snoeck publiera encore "Les compagnons d'Amazonie" en 1953 ; en fait il sera longtemps un des piliers de la rédaction et publiera également dans la série de L'hebdomadaire des grand récits les aventures de "Cor" et celles du "Coureurs de mer", sous couvertures de Sirius, avec qui Snoeck lança la série de Timour. Auteur zélé Snoeck travailla également pour le Fleuve Noir, e.a. la série de L'Aventurier" sous le pseudo Victor Harter mais il publia également chez L'Essor, Maréchal, Chagor ... et quelques nouvelles dans Mystère Magazine et ailleurs.

Bref, un auteur fort occupé pour qui les feuilletons n'étaient qu'un débouché de plus.

Spirou 675 en 1951 Spirou 846 en 1954

Mais au risque de me répéter c'est Snoeck, alias Yves Legros, qui restera quasiment le seul fournisseur régulier et intéressant chez Spirou. J'y ajoute quand même, pour faire bonne mesure, un feuilleton paru dans les numéros 1355¬1363 (1964) et intitulé "Les Robinsons du rail", une aventure de Spirou, Fantasio et Gaston, écrite par Yvan Delporte et illustrée par Franquin et Jidéhem.

Ah oui, j'oubliais un curieux roman de SF "La planète hostile" de John Keir Cross et qui parait dans les numéros 448-465 (1946-47) de Spirou, magnifiquement illustré par Sirius (encore qu'il s'inspira des illustrations parues dans le roman original, sous le titre "Angry Planet" en 1945!) ; curieuse histoire de gamins qui explorent la planete Mars, où règne une vie végétale.

Question nouvelles et contes on trouve dans le Spirou d'après-guerre pas mal de texte de Snoeck, de Pat Apitch, Myrtal et G. Cel, mais encore de façon anonyme également de J. M. Charlier, scénariste et dessinateur de Buck Danny et de rubriques diverses ayant trait à la marine et l'aviation.(et que l'on retrouvera en partie dans Bimbo).

Mais de tout cela il ressort abondamment que le feuilleton à lire n'était pas l'attrait principal du canard et que dans ce domaine Spirou est nettement supplanté par Mickey Magazine et Tintin !

Cet article a été publié initialement en 2002 dans "Les cahiers BD - monographies sur le 9ème art", éditions de l'invisible.

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