C'est peut être - comme on peut le déduire des témoignages d'André-Paul Duchâteau respectivement Tibet - dû au fait d'un manque d'ambition ou d'une inconsistance frappante à élaborer une oeuvre continue.
Tenas a eu le bonheur et le malheur de s'associer avec cet autre dessinateur méconnu, Raoul Livain (nom de plume Rali, 1906- ..?), qui ne fut pas mieux loti que lui. Encore une fois on ignore également tout ou à peu près de la vie et de la carrière de Raoul Livain...
Tant pis. J'ai annoté, dans un parcours effroyable, un nombre de BD dans un semblant plus ou moins chronologique.
Tenas fut-il un apprenti chez Raoul Livain qui habitait rue de la Victoire et se retrouva-t-il parmi les dessinateurs réunis dans "La Mine Souriante" ?
Ensemble ils fondèrent un studio, où débuta le jeune Gilbert Gascard, qui fera nom sous le pseudo de Tibet et où celui-ci fera également la connaissance d'André-Paul Duchâteau, qui deviendra son scénariste atittré pour Ric Hochet et quelques autres séries.
Ajoutons quand même que dans son article concernant "Le Journal de Mickey" et la série Onkr, Yves Frémion assène dans un texte bourré d'erreurs (compréhensibles d'ailleurs) un commentaire ruisselant de vérité : "Autant son héros principal a laissé des traces dans les mémoires, autant ce dessinateur est totalement occulté aujourd'hui". Hélas, mon bon Yves, hélas...
Et de souligner en bas de texte: "Louis Santels (..) est mort en 2012, oublié de tous.".
Oubliée également son oeuvre tellement dispersée mais tellement riche. Et de cette ouvre seule la série de ONKR, parue dans "Le Journal de Mickey" - sa BD la plus longue et par moments excellente — sera éditée en album à partir de 2009 mais les derniers albums paraîtront à titre posthume.
Le brave Michel Deligne sera le seul qui durant son vivant lui rendra hommage dans sa revue Curiosity. C'est tout.
Couvertures de 1945 à 1947.(?)
4 numéros parus ? Illustrations de couverture par Tenas. Il s'agit de petits fascicules avec récits policiers.
Fascicule de 16 pages , format 14/21( parfois en oblong), couverture sur fond rouge (affreux), 6 fr mais prix parfois variable (jusqu'à 7,50 fr). 37 numéros (?) connus de 1945 à 1946 , paraît tous les dix jours , puis mensuel. (?)
Petits fascicules à géométrie dimensionelle variable, parfois en hauteur, parfois en largeur... Tenas y livre BD, illustrations, portraits à profusion, le tout entrelardé d'articles sur des fringants militaires, des récits de batailles diverses, etc. BD de guerre, policières et d'espionnage, dont le héros récurrent sera le sergent Dickson, qui deviendra lieutenant par la suite. Autre héros: Fred Crack. Tenas s'y déchaîne dans un style schématique puis réaliste, influencé par Milton Caniff. Quelques récits humoristiques malgré tout, telles que Bobo, Kidy le poulain , etc. et assez curieusement la création d'un superhéros (eh oui) Atomicman, petit bonhomme vraiment minuscule, doté de pouvoirs extraordinaires, qui repose souvent sur l'épaule de Dickson. On songe invariablement à The Atom , alias Al Pratt, personage dessiné par Ben Flinton et publié à partir du numéro 19 (1940-46) dans All-American Comics. Tenas a pu lire ce "comic" dans la période touffue de l'après-guerre où pas mal de G.I.'s se trouvaient en Belgique, encore que ce personnage de justicier n'obtiendra ses superpouvoirs qu'assez tardivement, suite à une décharge atomique. Inspiration et/ou influence possible mais pas certaine.
Autre curiosité: dans le numéro 27 (?) démarre, en feuilleton, la BD "Aventures à Tarawa", préfigurant l'épopée des "marines" de Hubinon, Charlier et Weinberg "Tarawa, Atoll Sanglant".
Pour le numéro 26, Tenas malade, s'est fait remplacer par un certain R.T.B. Autres collaborateurs : José Mirval et un certain Mac Gregor qui sera occasionnellement scénariste pour le dessinateur.
Beaucoup de bonne volonté, parfois des réussites graphiques mais souvent des histoires mièvres avec trop de gros plans et de plans moyens. Mais dans les scènes d'action Tenas est excellent.
Le même éditeur publia, toujours au même format, quelques publications didactiques sur l'aviation, etc.
Nouvelle série d'après-guerre. Toujours S.A. Steeman en tant que rédacteur en chef. 5 numeros parus en 1946, illustrés par Rali, Max Servais e.a.
Pour le numéro 5 Rali demanda l'aide de Tenas ; les illustrations, dont celle de la couverture, sont signées Ralph Aivlin, pseudo également utilisé dans Bravo.
Couvertures, illustrations, travail de mise en pages etc. à partir de 1947-48 .
Pas de BD mais pour la BD (française) "Dick Alden", Tenas dessine une bande-titre
où le jeune Alden ressemble furieusement à Tibet jeune. Tenas et Rali utiliseront un
graphisme largement inféodé à cette série pour "Le Triangle de Feu", paru dans Spirou
et dessiné vers la même époque. Ici aussi Tibet servit de modèle au personnage principal.
- LES ELEVES MENENT L'ENQUETE , feuilleton de A.P. Duchâteau illustré par Tenas et Rali. Du 26/06/1950 au 26/10/50, numéros 263-280.
Et bien sûr, illustrations diverses pour les contes, dont ceux de Jacques Seyr, alias Henri Vernes, alias Charles Dewisme...
- LES MYSTERES DE LA TOUR EIFFEL, une aventure de Mickey, Goofy, Donald et Pluto, parue sous la signature de Walt Disney mais par Tenas, Rali et Duchâteau, sur une idée de Tibet, tous non crédités. Numéros 1 à 34, première année 1950.
- ALEXANDRE LE GRAND, Numéros 187 à 190 (07/05/1954- 27/05/1954) BD avec sous-texte, six cases par planche, non signée. 4 planches en tout
- L'HOMME A L' OREILLE CASSEE , d'après Edmond About.
Soi-disant dans la série "Notre roman dessiné" , non signé mais visiblement assez
bien dessinée par Rali seul. Du numéro 194 au numéro 205 (24/06/1954-09/09/1954).
12 livraisons d'une BD verticale avec sous-texte à raison de 1 planche parfois 1
planche et demie, bon pour 9 cases.
- Retrouvé encore deux planches publicitaires dans Mickey Magazine mais probablement également parues ailleurs :
En outre :
- mise en pages, traduction et adaptation des récits, couvertures et nombreuses illustrations pour les feuilletons et pour des récits brefs de Ch.-L. Souvelier, John Flanders, Yves Duval et quelques autres...
Voici encore une petite liste non exhaustive des feuilletons, tous illustrés par Tenas. Une liste plus exhaustive est parue dans la monographie " Charles-Louis Souvelier et les maîtres du feuilleton" ; 2020 , même éditeur.
Les derniers numéros, en 1959, reprennent déjà des séries françaises paraissant dans Le Journal de Mickey, y compris "Mickey à travers les Siècles", une BD dont Tenas signe les premières planches.
Au "Journal de Mickey" Tenas continue le travail entamé chez "Mickey Magazine",
mise en pages en moins, mais il livre dessins divers, couvertures et une longue
BD publiée de 1961 à 1972 :
- Mickey a travers les siècles (9 premières planches)
La série commence avec "Mickey chez les hommes des cavernes", sur scénario de Pierre Fallot (membre du comité de direction) et édité en album en 1970 chez Hachette, toujours sous licence et signature Walt Disney.
Tenas entame ensuite la série de Onkr, sur scénarii de Jean Malac, alias Raymond Calame, rédac-chef fin des annés '50 et membre du comité de direction. Vers 1970 Yvan Delporte (ancien rédac-chef de Spirou et occasionnellment scénariste pas toujours inspiré d'ailleurs) prend la relève.
Tenas retrouve donc les hommes des cavernes ; bien que l'on ne puisse guère parler de plagiat, il y a quand même emprunt d'une situation connue chez "Alley Oop" de F. Hamlin. Disons que le cocasse des situations et le dynamisme du dessin nous font oublier cette malveillante situation.
Onkr parait du 2 juillet 1961 (numéro 475) au 27 aout 1972 (numéro 1054) a raison de deux planches par semaine.
- LE TRIANGLE DE FEU , avec Rali et Duchateau , en 1952, bien que réalisé en 1949-50 , soit en pleine période Bravo et Story. Pseudonyme collectif: D. Aisin.
Illustrations pour les histoires courtes de Duchâteau sous le nom de Benoit Som, periode 1944-50.
- avec Rali (dessin) et A.-P. Duchâteau (scénario):
On peut dire que le trio Tenas-Rali-Duchâteau fut un des piliers de l'hebdomadaire BRAVO ! durant la période 1944 -1950, mais ce fut un pilier instable, mouvant et baladeur en diable, qui durant cette même periode se retrouva non seulement dans Bravo ! mais également en parallèle dans Story et Mickey Magazine.
Tenas, Rali et Duchâteau ne participèrent pas au naufrage de Bravo ! en 1951, ayant quitté le navire en perdition, juste à temps pour aller vaquer dans Story puis dans Mickey Magazine, après un petit détour dans Spirou. Le gros oeuvre fut toutefois et incontestablement fourni dans Bravo !.
Amère victoire s'il en est, puisque leur apport respectif, qui se solde par quelques centaines de planches (!), ne leur rapporta quasiment aucune gloire, leur oeuvre n'étant pas perpétrée par la parution de ces innombrables histoires en album, cette mode de production et d'édition n'ayant pas encore conquise à l'époque les faveurs ni du public ni des éditeurs.
Le moins que l'on puisse dire c'est que le trio trépidant aborda tous les genres imaginables, du western au récit historique, l'adaptation de grands classiques, la science fiction, la guerre, le policier et l'humour.
N'empêche que si l'ensemble de ces quelques centaines de planches est impressionnant, la qualité hélas l'est beaucoup moins. Il est arrivé au trio de fournir jusqu'à trois séries dans la même semaine, sans oublier les illustrations et les couvertures. Et il arrive alors que le dessin de certaines séries sente le bâclé, le tout terminé à la hâte, les couleurs appliquées sans conviction...
Regardons de plus près le bilan de cette surproduction
Tout commença avec un récit fantastico-historique Morgana lancé dès la reprise de Bravo ! mi-45.
C'est que l'hebdomadaire avait cessé de paraître à la libération en septembre '44, publiant encore juste un numéro de "libération", avec la mention "nouvelle direction" bien indiquée sur la page de couverture.
Bravo ! sera d'ailleurs mis sous séquestre , son ex- grand patron J. Meuwissen, condamné pour collaboration, étant en fuite. L'hebdomadiare réapparaît en mai 1945, avec un numéro 2 (le numéro de libération étant le 1 de la nouvelle série).
Bref, Morgana, dès ce numéro 2, se présente sous de belles couleurs, un des attraits majeurs de Bravo !, navigant entre humour (Les Garnements) et aventure (Gordon l'Intrépide). Vandersteen, Laudy et quelques autres vont donner (littéralement) des couleurs au canard. Morgana dans tout cela est dans l'optique du journal, une histoire qui s'éternise, qui par moment montre de beaux dessins et à d'autres moments un travail hâtif. C'est long, c'est lent et guère passionant. Au fil du temps on découvre des aspects fantastiques, féériques et maléfiques, mais tout cela n'est guère convaincant pour le lecteur.
C'est probablement suite à cette entrée en matière que Tenas et Rali, fondant leur studio de dessin, demandent au jeune et enthousiaste Duchâteau de leur fournir matière à dessiner sous forme de scénarios. L'imagination débridée, encore que peu expérimentée de Duchâteau fournira en tout cas aux deux dessinateurs un vaste champ d'expérimentation en tout genre.
Ainsi la science fiction ave Captain Hardell, le western avec Phil Blue-Eyes, l'humour avec Cyprien Bravo, le récit historique avec Ivanhoe et Lagardère, l'aventure avec Jim et Dick, etc.
Répétons le, cela donna une production surabondante mais pas toujours convaincante. Le deuxième épisode de Captain Hardell sera la première histoire scénarisée par Duchâteau.
On se demande pourquoi encore ajouter une histoire de SF, alors que Bravo ! a repris le héros qui fit longtemps sa renommée, le fameux Flash Gordon connu ici tel que Gordon l'intrépide (et non pas le ridicule Guy l'éclair, cher aux Français). A noter toutefois qu'il s'agit ici de planches produites par le studio de Briggs, dont la qualité est médiocre à plus d'un titre. Vers la même époque Story va publier également du Flash Gordon, mais dans le dessin si particulier et brillant de Mac Raboy, autrement plus convaincant. Bravo ! persiste d'ailleurs dans ce domaine, puisque peu après Hardell l'hebdomadaire publie "Lamar l'homme invisible", nouvelle mouture à la Flash Gordon, due à un certain Marleb (alias Jacques Martin et son complice) mais autrement mieux faite que Hardell.
Après la SF Duchâteau s'attaque au western et heureusement avec un peu plus de bonheur, grace à Phil Blue-Eyes, au titre ridicule mais plus intéressant et dynamique, mieux torché que Hardell. Dans les deux récits de cette courte série on reconnaît déjà la patte typique de Tenas.
Que ce dernier est un dessinateur au graphisme mouvant se remarque d'ailleurs très fort dans l'adaptation en BD des oeuvres de Stanislas-André Steeman. Rali seul adapte "L'ennemi sans visage" (qui est loin d'être un des meilleurs romans de "Big Man Steeman", mais soit, c'est lui qui a choisi).
Histoire asez statique, adaptation trop fidèle et trop longue, avec beaucoup de gros plans et peu d'action, décors mal fagotés, bref pour le pauvre Rali c'est la déchéance. Suivra une deuxième adaption où Rali fera appel à Tenas et du coup l'histoire est mieux équilibrée, le dessin plus enlevé. Hélas, le contenu fait bondir les parents qui trouvent tout cela sordide. L'éditeur interrompt cette deuxième histoire avant conclusion, à tel point d'ailleurs qu'il n'y aura quasiment plus d'histoires policières dans cet hebdo (excepté un petit intermède de Rob-Vel).
Rali libéré de son cauchemar en profite pour démarrer avec son complice un récit historique, adaptation d'Ivanhoe de Walter Scott. Suivra alors ce qui aurait dû devenir la série titre de l'hebdo sous le nom du jeune héros Cyprien Bravo. A lire ces deux bandes dessinées, on mesure enfin l'ampleur du talent de Tenas, qui fait du dessin réaliste dans Ivanhoe et livre une série humoristique (ou prétendue telle) dans un style schématisé avec Cyprien Bravo
A noter toutefois que le trimballant trio (ou le discret duo), occupant diverses fonctions au sein de la rédaction, est peut être aussi responsable pour diverses petites choses dont on ne sait rien. Par exemple, les adaptations de films MGM furent-ils redessinés d'après les photos des films Lassie, Laurel et Hardy, Le fantôme de Canterville ?
1950 est une année-charnière puisque les trois amis (+ Tibet) terminent leur collaboration non seulement avec Bravo ! mais encore pour Story en attendant Mickey Magazine.
Avec Lagardère et Frigipolis, leurs dernières histoires dessinées dans Bravo !, Tenas et Rali atteignent le fond du puits : à Frigipolis il manque l'introduction et le dessin est copié, ô combien, sur Flash Gordon, encore une fois ! Dessin nul, mise en pages déplorable, avec six, parfois sept cases par page, quelle horreur !
Un tantinet meilleure est l'histoire de Jim et Dick, une aventure réaliste mais que cela est mal dessiné, mes frères ! L'épisode du scaphandrier est même ridicule et manque de réalisme. Malgré un laisser aller déplorable on sent parfois la patte du dessinateur.
Le bilan de tout cela ? Trop de liberté et trop peu de rigueur n'ont guère aidé la réputation de Tenas et Rali. Bravo ! fut un gigantesque laboratoire qui prouva que les comparses du studio de dessin étaient capables du meilleur comme du pire. Bravo ! terminé, ils durent se soumettre à beaucoup plus de discipline dans Mickey Magazine, mais hélas ici beaucoup moins de création personnelle et peu de BD propres.
Adaptation BD d'un film de SF Japonaise : RODAN (réal. I. Honda) à raison d'une bande par jour. Information incomplète, désolé. Année 1956 ou '57 ?
Bruxelles, hebdomadaire .
Galerie de Vedettes (1966-`67) et dessins publicitaires. Consommateur avisé de BD "Ciné-Revue", l'important et imposant magazine cinématographique de Joe Van Cottom fit appel à Alidor, Cabu, Attanasio et Tenas; ce dernier pour une page plus ou moins réussie de caricatures de vedettes du cinéma ...
Pep, hebdomadaire de BD pour jeunes, vit le jour le 6 octobe 1962.
Pep (en zijn vrolijke avonturen) était le héros titulaire , une jeune homme barbu, avec Stef, un petit chien noir, commencé avec la naissance de cet hebdomadaire, le numéro 1 en 1962 et se termine au numéro 39 de 1964 .
D'abord gags sur deux planches, du numéro 1 au numéro 6, ensuite histoires à suivre.
On peut d'ailleurs se demander de quelle façon deux francophones parviennent à placer une série dans un hebdo hollandais alors qu'ils ne parlent pas la langue de Vondel (ou pas suffisament). Curieux...
Sans vraiment se brouiller avec Tenas, Duchâteau, scénariste de la série, reprochait en outre à son dessinateur une trop grande nonchalanche et un manque de professionalisme pour ce qui devait devenir une série vedette du nouvel hebdomadaire, qui pour ses débuts consommait pas mal de BD Franco-belges.
De 1960 à 1970 Tenas y livre des illustrations diverses et des dessins humoristiques. Pour A.-P. Duchâteau il illustre les courtes nouvelles du Commissaire Marin.
André-Paul Duchâteau en sera le secrétaire de rédaction. C'est là que Tenas et Rali s'occupent de la mise en page, coloriage, lettrage mais ne fournissent eux même que très peu de BD. Rali y livre en solo "L'homme à l'oreille cassée", adaptation du roman d'Edmond About, et le trio - pardon quatuor - Tenas, Rali, Duchâteau, s'occupe de Mickey et ses amis dans "Le Mystère de la Tour Eiffel", une longue histoire à suivre qui inaugure l'hebdomadaire et dont l'idée de départ est de Tibet !
Ce même Tibet servira d'ailleurs de modèle pour le personage de Raoul dans "Le triangle de feu", paru dans Spirou en 1952, oeuvre du trio Tenas-Rali-Duchâteau.
De Tenas Tibet dira : Tenas était un auteur extrèmement doué mais qui attendait toujours la dernière minute pour s'y mettre. Des années plus tard je l'ai encore croisé à la rédaction de Tintin où il amenait quelques histoires. Il me demanda: "Qu'en penses-tu, Ketje - il m'appelait toujours ainsi ce qui avait un côté plutot sympa. Je lui faisais remarquer telle ou telle erreur de perspective. Il haussait les épaules et me répondait que cela n'avait pas beauuoup d'importance. Quel dommage. Il a vraiment gâché son talent."
Curieux est également l'anecdote concernant les Héroïc-Albums.
Tenas et Rali y dessinaient e.a.- mais pas longtemps quand même -La Patrouille Léopard, dont Tibet fournissait parfois le scénario et faisait l'encrage. Tibet qui réalisait solo dans les Héroïc albums les aventures de l'excellent Dave O 'Flynn (ancètre plus brutal de Ric Hochet), raconta par la suite que Tenas et Rali voulaient lui faire signer un papier lui interdisant de démarcher auprès de ceux qu'ils considéraient comme leurs clients ! Ahurissant, ces deux vieilles badernes qui veulent rogner les ailes d'un débutant! Bravo les vieux !
Cela dit le témoignage de Tibet concorde avec celui de Duchâteau en ce qui concerne Tenas : "Tenas était une personne tout à fait extraordinaire, qui avait un coup de "patte" absolument fantastique, mais qui était négligent. Ses mises à l'encre étaient trop souvent bâclées. Il a eu de l'or dans les mains, mais a galvaudé son talent. Quel dommage ! (...) Il a par la suite essayé de publier divers gags dans Tintin (...) Sans succès. Il avait trop tendance à faire les mêmes personnages , enlevés mais sans ossature."
Et encore: "Tenas était surtout un formidable vendeur, très dynamique; toujours sur la brèche, toujours habillé à la dernière mode, fumant de gros cigares ... Une sorte de David Selznick de la BD, capable, dans tous les sens du terme, de remporter un marché en trois coups de crayons. (...) Avec moins de nonchalance, il aurait pu aller très loin."
Rideau.