Remember Albert Jaminon
Peintre, Dessinateur, Sculpteur et Vitrailliste.
Biographie
Albert Jaminon est le troisième d'une famille de huit enfants,
le père est dans la Papeterie. Il passe sa jeunesse, à Jupille et
Liège, sous l'occupation, où il continue, avec ses frères, enfreignant
l'interdit, à fréquenter et animer les mouvements scout. Pour jouer,
il s'invente des affiches de cirque et de puissants dragons
légendaires. Il est le cousin, par sa mère, du peintre Léopold
Plomteux, associé au groupe Cobra.
L'expressionnisme wallon
Jeune homme, impressionné par l'ampleur des manifestations de 36,
dans le bassin mosan, il traduira sa conviction par le style
expressionniste wallon, ardennais, mosan, influencé beaucoup
aussi par Constant Permeke.
Il étudie d'abord à l'Institut Supérieur d'Art St-Luc à Liège,
la peinture de décoration, la peinture de chevalet et le dessin,
le graphisme, la publicité, le modelage, l'anatomie et l'histoire
de l'Art et obtient un Grand Prix de Peinture en 1947, élève de
Jean Julémont. En parallèle, il suit le cours de dessin et peinture
à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Liège, élève d'Adrien Dupagne,
où il décroche, à la même époque, une Grande Médaille d'Argent
en Dessin supérieur, signe de la plus grande distinction.
C'est en 1950 qu'il débute son oeuvre d'artiste. C'est timidement
que l'on verra quelques oeuvres dans une exposition d'ensemble
à la Maison Communale de Flémalle près de Liège.
En 1957, Albert Jaminon se lance dans diverses réalisations : tout
d'abord, sept vitraux en verre cristal du Val Saint Lambert,
posés directement dans le béton pour l'Eglise d'Ivoz-Ramet,
suivi du tympan de la chapelle de Lorcé-Chevron, ensuite, il réalise
la maquette de l'Eglise de Naniot à Liège.
L'illustration, la bande dessinée, et le dessin animé
En 1949, Albert Jaminon débute une carrière de professeur à l'institut
d'Art St Luc à Liège où il fonde le cours d'illustration aux cours
supérieurs et parallèlement à l'Ecole Normale St Roch à Theux où il
donnera des cours de dessin aux candidats instituteurs. Autodidacte
de l'Illustration et de la Bande Dessinée, il en fera des séries
qui seront publiées
en Belgique dans les journaux "Grand Coeur" et
"La Vie Illustrée",
dans les hebdomadaires "Tintin", "Femmes d'Aujourd'hui",
chez les Editeurs "Tremplin" et "Marabout". Une autre
série sera éditée en Grande-Bretagne.
En 1960, sollicité par le studio d'animation (BelVision) qui
travaillait alors pour la télévision américaine, dans l'entourage
de Bob de Moor et de Mireille Vicat, il crée des décors de dessins
animés pour une série d'épisodes de Tintin. Il participe ainsi à
l'animation de "L'Etoile Mystérieuse", "Le Trésor de Rackam le Rouge",
"L'Ile Noire", ….
Il enseignera aussi au Centre culturel de Sclessin.
Couverture de Tremplin 14
Couverture de Tremplin 19
Couverture de Tremplin 43
Illustration pour Grand Coeur
L'Afrique
Sa première expérience de l'Afrique se fait au travers d'un voyage
en Tunisie qu'il fait, dans l'esprit routier, sac au dos, carnet
de croquis à la main, en 47, avec son ami, l'aquarelliste Jean Dubois.
En 1952, il poursuit sa carrière de professeur à l'Académie des
Beaux-Arts de Léopoldville au Congo belge, (actuellement Kinshasa
au Zaïre) où il va réellement créer l'enseignement artistique.
Pendant huit ans d'Afrique, il forme des peintres zaïrois
internationalement connus comme N'Damvu et Mavinga (N'duku, N'kutu,
Konde Bila).
Il quittera Léo en 1960, lors des émeutes d'Indépendance, avec un
des derniers avions de rapatriement des colons belges. L'Afrique et
l'art congolais a considérablement influencé son œuvre.
Les années 60
Le retour en Belgique coïncide pour la plupart des coloniaux à des
années de galère. En 1962, au départ en retraite de son prédécesseur
Paul Daxhelet et recommandé par lui, il devient professeur à
l'Académie Royale des Beaux-Arts de Liège (avec Mady Andrien-sculpture,
Frédéric Beunkens, Dacos-gravure, Louis Deconinck, Bernard Desfrère,
Fanny Germeau, Marc Laffineur, Rudy Pijpers, Georges Polus-sculpture,
Jo Rome (jour), Christiane Willemsen, Nicolas Broca. Il sera, entre
autres, le professeur, un temps, de Roger Leloup (Yoko Tsuno) et de
Mittéi , son cousin éloigné.
La période bleue et jaune
Bleue d'abord, influencée par l'oeuvre du peintre et sculpteur
toscan Marino Marini, l'étude du cheval et du corps d'homme s'impose,
en lignes fortes et dénué d'artifices de décor, synthétisés dans
cette tête ronde, ces naseaux frémissants, dans ces musculatures
tendues, avec l'emploi du relief pour souligner la ligne, sur des
fonds bleus crépusculaires et minéraux.
Les manifestations
étudiantes de 68 auront du retentissement aussi à l'Académie
de Liège. Les images de Paris-Match et du Journal télévisé
des mouvements protestataires et de la guerre au Vietnam,
les ballets du XXe siècle de Maurice Béjart et les tendances
de la mode de Paco Rabanne vont donner une série de cris à la
violence rouge, de danseurs en groupe bras levés sur des fonds
jaune-orange.
Il met au point des techniques de monotype, peints à l'envers
sur plaque de verre et imprimées, ou de pochoirs pour reproduire
des formes contraintes ou pour des projections.
Anguilles
La période Pop-Art
Les années 70 et 80 sont révolutionnaires sur le plan de la créativité
et du modernisme. Pour survivre à la mode dans la création artistique,
il faut innover et évoluer. Avec des images de magazine, il se lancera
dans une série de collages directement inspirés des peintures.
Avec la colle acrylique, le polyester et divers objets de récupération
collectés, de métal, bois, matières plastiques ou tissus, il impose
le relief et la matière sur le tableau, ou crée directement des
"objets personnages" mi-peinture, mi-sculpture, métaphores de
cette pollution que l'on craint et combat, des sculptures extraites
de blocs de béton cellulaire, à la scie ou au burin et poncés.
Pour réagir au Pop-Art, il intègre le graphisme dans de grands
dessins au format d'affiches avec l'emploi de lettres et d'éléments
de signalisation. Il sera inspiré par la grâce de la jeune gymnaste
Nadia Comaneci, par les vedettes du cinéma, de la chanson et de la
télévision, par les lumières des projecteurs qui seront intégrées
comme des objets et des matières prétexte à un exercice de dessin
réaliste de grande dimension pour réagir aux vagues hyperréaliste,
de l'aérographe ou du dessin par petits points de rapidographe,
ou, à l'opposé, le conceptuel minimaliste, très en vogue.
En fil et feuilles de métal découpé, il offrira quelques roses
immortelles et poétiques. Poésie aussi de cet Arlequin articulé,
marionnette à fil. Les plages de la Mer du Nord et ses baigneurs,
souvenirs de nombreux séjours, inspirent quelques grands panneaux
très lumineux.
la chanteuse Sade Adu et le dessinateur Topor<.figcaption>
Venise, Camaret, et les jeunes Liégeoises
Pensionné de l'enseignement, Albert Jaminon vit une période de
questionnement, ou il reprend, insatisfait, parfois inutilement,
une partie d'anciens travaux, pour les raffiner, les rafraîchir
ou les recadrer, pour leur donner une seconde vie. C'est une période
de recherches formelles et colorées, pas forcément abouties,
qui donnent lieu à des travaux et des tentatives isolées. La solution
viendra d'un investissement dans le concret par la sculpture en terre,
carton et bois coupé, plâtre et pâte à modeler, tirées en résine
ou en bronze patiné.
L'échec du projet du grand coq, monument
Wallon pour Liège, lui laissera un goût désabusé. Le public de
l'Art liégeois a changé, et il faut composer avec lui, pour lui
faciliter l'accès par de petits formats, des sujets simples et
des formes à sa portée. Et malgré tout se faire plaisir,
avec raffinement.
Venise, son faste, et son carnaval, souvenir fantasmé de son voyage
de noces jubilaire, lui procurent l'exubérance, l'humour, la brillance
et la couleur de la commedia dell'arte. Camaret, un sujet cher
aux expressionnistes wallons, par des séjours chez un ancien élève,
permettra l'escapade ensoleillée, aux ciels inspirés, à la mer
minérale, aux dessins synthétisés élégants des bateaux voguant
ou des épaves, de bretonnes toutes en dentelles inspirées
du folklore. La fraîcheur de la jeunesse de ses belles-filles,
de ses petites filles et de la jeunesse liégeoise décomplexée,
lui inspirent une série de personnages longilignes aux visages
en amande de type égyptien qui tranchent avec les faces rondes et
les musculatures puissantes jusque là employées. On y découvrira
des pans d'une ville de Liège, moderne et éternelle, ainsi qu'un
avertissement, répété, de ses dangers, sous la forme de cet homme
noir en chapeau.
La musique cubaine, ou sud-américaine permet quelques sujets souples
et dansants.
Bibliographie et télévision
Hommage à son décès sur RTC, dans les articles du Wort et de La Voix, en décembre 2006.
Livre Marabout sur le judo, le tennis, le rugby.
Magazine Références à Liège.
Pourquoi Pas, Jacques Collard
Gazette de Liège, Jean Jour, mars 1990
RTC (télévision régionale de Liège), le 9 mars 1990
Catalogue des oeuvres acquises de 1979 à 1988 par le Ministère de la Communauté Française de Belgique, Jacques Parisse
La Meuse, édition spéciale, Itinéraire d'Artistes, Journée du Patrimoine, Jacques Parisse, septembre 1996
Dictionnaire des peintres Belges , La Renaissance du Livre, 1995
60 ans de peinture au Zaïre, J.A.Cornet, R.de Cnodder et W.Toebossch, Les Editeurs Associés. Sous le patronage de la Banque Belgolaise.
Artistes de chez nous, article de Jean Jour pour le Mensuel Liège province d'Europe N°238, de janvier 1997
Référencé sur le site de l'I.R.P.A. (Institut Royal du Patrimoine Artistique)